La touche- à- tout du sport a trouvé sa voie

Footballeuse depuis 3 ans, Awa Sadio est désormais entraîneur de son club de quartier. Après des essais comme basketteuse et athlète, la fille de 19 ans dit avoir trouvé sa voie dans le ballon rond.

Le tournoi «Ladies' Turn 2011: le football féminin au cœur des quartiers» bat son plein dans la ville de Dakar où les populations découvrent des jeunes filles dotées d'un joli touché de balle. Des quatre équipes de quartier engagées dans la capitale, Parcelles Assainies est la seule à avoir à sa tête une demoiselle comme entraîneur. A 19ans à peine, Awa Sadio tient les rênes de cette formation dont elle fut capitaine à ses débuts.  Les responsables de l'amicale des écoles de football des Parcelles estiment qu'il est nécessaire que les filles s'approprient tous les secteurs du football féminin. C'est dans cette optique qu'elle a pris part à une formation d'entraîneur. «En 2009, nous avions participé au tournoi avec une équipe très jeune et pour cette année nous avons jugé bon de faire que  l’équipe soit dirigée par les filles. Awa Sadio  et Minga Mendy. En partenariat avec la fédération hollandaise de football, elles ont participé à un stage d’entraîneur de 10 jours des équipes féminines en décembre 2010», indique le coordonnateur Dasien kéné.

Un produit Ladies'

En plus d'entraîner l'équipe de son quartier, Awa est désormais  la capitaine de la formation qui prend part au championnat national de deuxième division. Son intérêt pour le ballon rond lui vient dès le bas âge en suivant les traces de son frère jumeau. Mais, c'est seulement en 2009 qu'elle trouve l'opportunité de pratiquer le football. «Avant je faisais le basket en étant convaincu que je ne pouvais jamais shooter le ballon au niveau de l’anneau. J’ai laissé tomber pour aller pratiquer l’athlétisme pendant 2 ans et après le coach m’a annoncé l’organisation du tournoi de football féminin Ladies’ Turn 2009», explique-t-elle. Celle qui est toujours en perpétuel mouvement sur son banc de touche pour donner les consignes à ses joueuses, se souvient de ce jour comme-ci c'était hier. «Le premier jour c’était le 11 mars 2009, il nous avait dit qu’on n’allait pas jouer mais que nous allons seulement regarder. Au terrain il nous a distribué les maillots du tournoi et c’est ce jour-là que j’ai commencé à jouer au football ». Cruel souvenir : «  Il est vraie qu’on nous avait battues par 7 buts à 0. Mais, j’étais quand même satisfaite d’avoir joué».

Il n'est donc pas surprenant de la voir prendre en aparté une de ses  joueuses inconsolable samedi 18 février dernier, après la défaite de sa formation devant Guédiawaye  (1-2). Ses encadreurs ne se sont visiblement pas trompés en lui confiant cette mission. «C’est une fille disciplinée, engagée, attentive. C’est pour cela que nous lui avions déjà confié le brassard de capitaine depuis le premier tournoi en 2009. C’est un vraie leader, elle s’occupe bien du matériel, des équipements, elle gère bien l’équipe», témoigne Dasien kéné  qui l’encadre depuis qu'elle à 5ans.

Awa dirige les séances d'entraînements du lundi au vendredi de 16h30 à 19h à l'unité 11.  À ce jour, son meilleur souvenir reste «la finale de Ladies’ Turn 2009 au stade Alassane Djigo de Pikine. Mon pire est le fait de ne pas pouvoir prendre part à l’édition 2011, car je ne suis plus considérée comme débutante par les organisateurs puisque  j’évolue en D2.  Je voulais vraiment  prendre part au tournoi», renseigne-t-elle du haut de son mètre 76. Néanmoins, elle se plaît dans son nouveau costume d'entraîneur en herbe. «Le foot m’a permis  de faire un stage d’entraîneur et d’encadreur avec les hollandais. A présent je suis venu partager mon savoir avec les plus jeunes afin qu’elles acquièrent des connaissances au niveau du football».  

Une détermination sans faille

Après ce tournoi de quartier, l'apprentissage des matchs de championnat a été rude en 2010. Le club des Parcelles perd tous ses matchs et terminent à la dernière place. Cette saison l'aventure démarre mieux, avec un but inscrit par Awa pour le premier succès de l'équipe en match d'ouverture samedi 18février 2011.  La jeune fille au corps svelte est sûr d'une chose : « en jouant au football on fait face à des avantages et à des inconvénients. Alors, je dis toujours, quelque soit alpha, j’assumerais les conséquences qui vont venir». Élève en classe de première L2 au lycée moderne de Dakar, Awa Sadio compte sur le soutien de ses parents pour  réaliser son rêve d'être footballeuse professionnelle. «Mes parents ont toujours voulu que je joue. Depuis toute petite ils me voyaient aller taper dans le ballon avec mon frère jumeau à la plage et dans le quartier. Ils me disaient, quelque soit le chemin que tu voudras prendre nous te soutiendrions.  Chaque fois mes coach demandent la permission, ils sont d'accords».

La benjamine de cette famille de 10 enfants désire d’abord obtenir son bac l’année prochaine, aller à l'université, avant de «devenir joueuse professionnelle et  évoluer à l’étranger». Mordue de football, la musique ne trouve pas de place dans ses loisirs.  Sur ses 49 kg, Awa affectionne regarder les matchs de l’Inter de Milan et du  Fc Barcelone. Si elle reconnaît le talent de la brésilienne Marta Da Silva, elle déplore le fait qu'elle ne peut pas suivre ses matchs. «Les femmes jouent le matin quand je suis à l’école mais j’ai vu lorsque Marta a reçu le ballon d’or. Moi, j’aime  Diego Milito». La Fille de Billy Sadio et Diaré Diaté «déteste les mensonges et les bagarres car ça perturbent la vie».

Gaëlle YOMI