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14 février 2011

PORTRAIT : SOPHIE DIOP

Madame est manager de lutte

 

Mettant en veilleuse sa carrière de comédienne et son métier de commerçante, Sophie Diop s'est lancée un grand défi dans son fief d'adoption de Grand Mbao: stopper l'émigration clandestine des jeunes de la cité en devenant manager de lutte.

Sophie_Diop_1

C’était l’ambiance des grands jours jeudi dernier, au quartier Yoff, où les jeunes avaient répondu présent pour la signature de contrat de combat de lutte entre deux jeunes pousses de l’arène. Sur place, la gent féminine est bien représentée pour assurer les chants et mettre l’ambiance. Près de ces femmes vêtues de boubou uniformes, c’est Sophie Diop retient notre attention. Elle n’a pas une voix de griotte, mais a le mérite d’être au cœur de la mobilisation en tant que Manager de lutteurs.

Dans l’arène depuis six ans, la jeune fille à la lutte dans les veines comme la plupart des Sérères. Elle cultive cette passion auprès de son père au village de Soum, mais c’est par amour pour les jeunes de Grand Mbao, dans la banlieue qu’elle va s’engager dans cette aventure.

 

Non à l'émigration clandestine

 

En effet, face à l’émigration clandestine qui prolifère dans sa cité, Sophie passe un accord avec ses jeunes frères pour en faire des champions de l’arène. «J’habitais à Sipres 5 grand Mbao. Chaque matin, je voyais les enfants qui pratiquaient la lutte à la plage. Ils étaient très nombreux et au bout d’un moment je ne les ai plus revus. Alors, j’ai demandé à leurs amis où ils se trouvaient. Ils m’ont dit qu’ils ont pris les pirogues en direction de l’Espagne parce qu’ils n’arrivaient plus à s’en sortir avec la pêche», témoigne-t-elle. «Certains ont réussi en Espagne et d’autres sont décédés pendant la traversée. J’ai demandé aux autres jeunes de ne pas emprunter ce chemin puisqu’ils aimaient la lutte. Je me suis engagée à les aider dans la pratique de la lutte», nous explique notre interlocutrice.

Pour mettre sa vision en exécution, Sophie cible l’édile de la communauté, le président de l’Assemblée nationale Mamadou Seck. Le maire de Grand Mbao soutient financièrement l’organisation du drapeau annuel de Feu Abdoulaye Guizgui. Malgré cet appui, il ne suffit pas d’un claquement des doigts pour voir une dame prendre place dans l’arène nationale. Les coups bas volent de partout. «Pour une femme, ce n‘est pas facile de débarquer dans ce cercle fermé de la lutte où il y a beaucoup d’hommes qui sont là depuis près de 50 ans. Il y a des promoteurs qui mélangent leurs intérêts personnels et les intérêts professionnels. Souvent ils refusent de monter les combats de jeunes lutteurs qui sont licenciés chez moi», révèle-t-elle le regard fixé sur les lutteurs qui s’installent.

Néanmoins, l’aînée des sept enfants Diop estime s’être imposée dans le milieu. «J’ai tout fait pour me faire accepter. J’y suis parvenue puisque je suis actuellement deuxième vice-présidente de l’association des managers de lutte.

Par la grâce de Dieu, je continue ma mission d’aider les jeunes champions et j'irais jusqu’au bout».

 

Commerçante, comédienne, mais...

Sophie_Diop_2

Au-delà de sa casquette de manager, Sophie Diop est également une habituée du petit écran. A l’instar de la série Mayacine et Dial diffusée actuellement à la Rts1, elle a à son actif 12 ans de carrière de comédienne. Sa détermination à voir les jeunes abandonner l’émigration clandestine pour se consacrer à la lutte, la pousse à mettre entre parenthèse ses autres activités. «Je suis commerçante. Je faisais la ligne Dakar-Bamako, mais à présent je ne voyage plus pour bien gérer la carrière de mes lutteurs. Je suis également artiste comédienne, mais avec mon agenda, je tourne seulement les films très importants ou les documentaires de sensibilisation».

Dans cette aventure, elle peut compter sur le soutien de ses parents en espérant réaliser son rêve de voir une saison de lutte sans violence. «Chaque fois que je dois aller à une signature de contrat ma maman s’occupe de mes enfants et mon père prie toujours pour moi. Je désire voir des supporters disciplinés dans l’arène qui accompagnent leur champion sans violence. L’idéal serait d’assister à une saison de lutte sans violence», confie-t-elle

Fan de Youssou Ndour et Yékini, elle ne manque pas d’adresser un énième plaidoyer aux autorités au sujet de l’arène nationale. «L’arène est attendue depuis longtemps. Ils savent qu’on la veut, mais ils font ce qu’ils veulent. Et pourtant dans l’arène ce sont des citoyens sénégalais qu’on retrouve. Nous participons ainsi au développement de notre pays». Ce n'est pas surprenant pour une femme qui a le mensonge en horreur.

 

Gaëlle YOMI

 

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