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27 janvier 2011

L’homme qui a fait de Saint-Louis « la capitale du judo »

PORTRAIT : ABABACAR FALL DIT MBAYE BOYE

La capitale du nord domine le judo sénégalais grâce à la présence de la meilleure école de la discipline crée par Ababacar Fall. Surnommé Mbaye Boye, cet ancien judoka, à la bonhomie contentieuse, n’a pourtant pas un palmarès étoffé. Mais, il a tout donné pour que Saint-Louis porte haut sa passion.

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Lors des manifestations de la famille du judo sénégalais, il y a toujours un messieurs au gabarie impressionnant qui vous souhaite la bienvenue avec un sourire puéril. Ababacar Fall, plus connu sous le nom de Mbaye Boye, est celui dont l'amour des tatamis a poussé à mettre sur pied le tournoi international de Judo de Saint-Louis. Et pourtant, il ne s’est passionné pour cette discipline, qu’après une rencontre fortuite à l'âge de 9 ans. «Il y avait un garagiste très fort qui nous bastonnait au quartier. Un jour, un judoka du nom d'Alioune Gaye, aujourd'hui professeur d'Eps à Kaolack, est venu prendre notre défense. Nous avons vu comment il a maîtrisé l’homme, l'a projeté avant de l'immobiliser. Après cela, le garagiste n’osait plus nous regarder. Je me suis dit puisque cet homme nous craint maintenant, il faut que j'aille faire du Judo», se souvient le natif de Saint-Louis. 

Aujourd'hui ceinture noir 6e dan avec un diplôme d'entraîneur de deuxième dégrée, Mbaye Boye fu l'un des pionniers de la petite catégorie. «On m’avait adopté dans la salle. Les jeunes ne faisaient pas de judo, à l’époque c’était un sport réservé aux gros bras, aux haltérophiles. Ensuite beaucoup de jeunes ont suivi mon exemple, lorsqu'ils ont appris l’histoire du garagiste». 

Après 20 ans de carrière il crée à 29 ans, l'institut des Sports de Saint-Louis, qu'il qualifie «d'une des plus grande école de judo du Sénégal». Pour preuve, les têtes de files de cette institution détiennent plusieurs titres de champion du Sénégal. On retrouve entre autre, Billa Fofana 7fois champion du Sénégal, Mame Biram Ndiaye avec 8 unités, Fary Séye 6 fois championne du Sénégal et championne d’Afrique. «J’ai formé de très grands champions de judo, des vrais judokas qui ont le niveau mondial. Mais au Sénégal, on peut avoir le niveau, mais pas les moyens d’aller chercher la médaille», se désole MBaye Boye.

 

Le tournant d'une vie

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Les choix qu'opère MBaye Boye dans sa vie sont toujours issus d'une rencontre inédite. L'organisation du tournoi international de Saint-Louis qui célèbre sa 13e édition cette année, ne déroge pas à la règle. Une inspiration venue tout droit d'une doléance de son père spirituel, Abdoulaye Diop Chimère. «C’est un homme qui m’a ramassé dans la rue au moment où tout les Saint-Louisiens me prenaient pour un bandit de grand chemin. Il m’a montré comment une personne doit se comporter, comment un musulman doit vivre, comment préparer son avenir. Je lui dois beaucoup de chose. Il a beaucoup fait pour son pays», témoigne-t-il. D'où l'abnégation qu'il mettra pour satisfaire ce dernier. «Chimère nous a fait comprendre qu’il doit quitter la mairie. Il voulait que chacun de nous crée quelque chose pour sa ville. En 1998, j’ai créé le tournoi international de Saint-Louis. Si je l’avais rencontré à 8 ans, je serais un grand responsable en Afrique où dans le Monde. Chimère est un homme qui sait conseiller et pardonner». La manifestation qui avait démarré avec un budget de 300.000 Fcfa atteint à présent 85 millions de Fcfa. Le judoka de 85kg est plus que ravi de son ouvrage. «J'ai été Vice-président de la fédération, mais pour des problèmes de coup d’état on m’a fait sortir. Ce n’est pas grave car, je travaille plus qu’eux. Le soutien de Douma Seye, Mamadou Racine Sy et Babacar Sy permet à Saint-Louis d'avoir les meilleurs résultats», lâche-t-il.

 

Le «voyous» devenu imam

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S'il regrette d'avoir connu Chimère tard, il est encore plus attristé que sa maman ne puisse pas voir sa réussite. «Je n’ai pas vécu avec mon père. Il y' avait des problèmes de tendance dans notre famille. Chacun voulait que son enfant réussisse. Je vivais avec ma mère. C’était une femme qui s’est battue pour me nourrir et m’encadrer. Je suis un autodidacte, mais je ne regrette pas tout ce qu’elle a fait pour moi. Elle était contente que je fasse le judo car elle n’aimait pas qu’on me frappe», renseigne-t-il.

En compagnie de son frère et sa soeur cadette, ils grandissent dans

le quartier de Sor, réputé être le plus populaire et le plus dangereux de Saint-louis. «Je n’ai jamais danser dans ma vie. Moi j’étais un grand trafiquant de billet de cinéma et de dancing. Je me suis assagit, maintenant je sui un imam», confie-t-il avec tout le sérieux possible. 

Aux côtés des anciennes gloires du football sénégalais comme Yatma Diop, Petit Guèye, Malick Diallo, Pelé, Germain Faye, Mbaye Boye n’était pas médiocre. «J’étais un très bon footballeur», affirme notre interlocuteur.

 

Fan d’Abdou Guité Seck

 

Chef d'une famille de sept enfants, Mbaye Boye a toutefois expérimenté les limites du judo dans ses études. «Malgré le fait que je sois née turbulent, j’ai beaucoup apporté à ma ville. J’ai arrêté mes études au Cm2. J’étais un élève très nul. Dans notre école on avait un bourreau qui s'appelait, Thierno Ousmane Kane, l’ancien dg de la Ciao. Il nous empêchait d’étudier, il prenait nos livres, nos pains, toutes nos affaires. On ne pouvait rien contre lui car il avait toujours des gris gris en sa possession (rires)», se rappelle-t-il.

Saint-louisien jusqu'au bout des doigts, son musicien et son sportif préférés sont de la «vielle ville». «J'aime Abdou Guité Seck, c'est un grand musicien. El Hadj Diouf est mon sportif préféré. Je suis un saint-louisien, mes pensées restent chez-moi. Toutefois, Fadiga est un garçon formidable». L'ancien gaucher magique de la «Tanière» a réussi à se décrocher une place au soleil dans le coeur de Mbaye Boye.

 

Gaëlle YOMI

 

 

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