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19 janvier 2011

PORTRAIT ADJA ARETTE NDIAYE: CHAMPIONNE DU SENEGAL DE 100M HAIES

 Arette ne veut pas s'arrêter

 

En se lançant dans l’athlétisme, Arette Ndiaye, championne du Sénégal du 100m haies la saison dernière, ne savait pas qu’en jetant son dévolu sur les sauts d’obstacles, ces derniers allaient la poursuivre partout. La carrière de la meilleure amie d’Amy Mbacké Thiam semble être un perpétuel recommencement. Malgré cela, Arette tient le coup pour enfin remporter une médaille continentale.

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Pour faire face à l’ennui, certains enfants se contentent de dormir tandis que d’autre comme Arette Ndiaye, préfère se lancer dans la course. Eh oui! C’est pour cette raison que l’actuelle championne du Sénégal du 100m haies a choisi l’athlétisme à l’âge de 12 ans. «Je suis issue d’une famille nombreuse mais la grande sœur de ma mère m’a adopté. Comme je me suis retrouvée dans une petite famille, j’allais au terrain de Ouakam pour me distraire. C’est là où j’ai rencontré Amédine Gaye qui m’a initié à l’athlétisme», se remémore t-elle.

Depuis lors, ces moments d’évasions sont devenus son quotidien. Terminant généralement derrière Amy Mbacké Thiam (championne du monde en 2001) et Fatou Bintou sur 400m, elle décide de s’envoler pour la France en 2003 pour se perfectionner. Sur place, son entraîneur l’essaye aux haies et elle tombe tout de suite sous le charme. Mais, au lieu que sa carrière décolle, celle qui s’est mise à courir pour fuir l’ennui, va à présent effectuer le chemin inverse. «Après deux ans en France j’ai décidé de revenir au Sénégal. Je suis plutôt sentimentale, Je m’ennuyais car j’adore être avec la famille et je n’aime pas trop le froid. En 2004, j’ai même pris une année sabbatique», explique t-elle.  

Pour se relancer, elle décroche une bourse du Centre International d’Athlétisme de Dakar en 2008. L’expérience dure un an et depuis c’est la galère. «Le centre a demandé à la fédération de me chercher une bourse, mais elle n’y est pas parvenue. Je n’ai pas d’aide, je m’entraîne sans rien. J’ai juste ma famille et mon club la JA qui me soutient grâce au président Abdoulaye Diop».

Elle connaît une saison 2010 difficile et arrête dès qu’elle décroche son titre de championne du Sénégal. A présent «tout le monde pense que je suis finie mais, j’ai ce défi à relever. Je veux montrer que je suis encore là».

 

Marquer l’histoire

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Après avoir tout raflé en petite catégorie sur 100, 200 et 400m, Arette veux inscrire son nom sur les tablettes de l’athlétisme national en battant un record du Sénégal. Elle met toutes les chances de son côté pour effectuer un retour triomphant. «Je suis parvenue à faire 13s 45 en 2008 et cette année j’ai changé de coach car j’avais de réels problèmes de résistance. J’espère que ça ira en vue de décrocher les minima pour les championnats du monde. Le plus important pour moi c’est de revenir au moins à mon niveau africain. Avoir une médaille aux jeux africains de septembre prochain au Mozambique. J’ai beaucoup de médailles mais il me manque les plus importantes comme celles des jeux africains et des championnats d’Afrique». 

Pour atteindre cet objectif, l’enfant de Ouakam s’entraîne avec la championne d’Afrique du 400m plat, Amantle Montsho. «Je suis bien avec mon groupe d’entraînement, j’ai un coach professionnel. Je travaille avec Amantle Montsho et Ndèye Fatou Soumah la seconde sénégalaise de 400m après Amy Mbacké. Je me sens très bien en leur compagnie», renseigne-t-elle.

Et pourtant le programme d’entraînement est assez dense. Jeudi dernier (13 décembre 2011, Ndrl), l’équipe au complet était en pleine séance à Léopold Sédar Senghor. «Nous sommes en puissance maximum. Ce matin j’ai fait 16 fois le 300m, en moins d’une minute avec une récupération de deux minutes. A l’arrivée, j’ai perdu mes esprits», dit-elle. Pour le peu que l’on a vu aux entraînements, Arette semblait vraiment lessivée. En semaine ça donne une dose adulte. «Le Lundi c’est la musculation et l’endurance. Mardi : puissance max, 300,  400 et  500m. Mercredi : nous sommes sur des dunes au bord de la plage comme les lutteurs. Jeudi : endurance au stade, vendredi : musculation et samedi nous allons aux mamelles ».

Pour Anthony Koffi qui a eu à la superviser au Ciad et avec qui elle s’entraîne cette année, sa motivation est sans faille. « Elle est assidue et motivée. En ce moment je ne pourrais me prononcer sur son rendement vu que nous sommes en début se saison. Néanmoins, je crois qu’elle doit améliorer sa vitesse et sa course ».

 

Des études en dents de scie


arettttttttSi Arette manie assez bien la langue de Shakespeare avec la Botswanaise Montsho, elle a la particularité de ne jamais composer ses examens. Il ne s’agit pas d’une phobie, mais les programmations coïncidentes toujours avec des compétitions. Et quand ce n’est pas le cas, le destin s’en mêle. « J’ai suivi les cours jusqu’au niveau terminale. Lorsque je devais faire le Bfem j’étais au championnat du monde junior. Il fallait donc que je compose pour la section d’octobre mais l’école a oublié de m’inscrire. Je n’ai jamais passé le Bfem », explique t-elle. Le second défi pour 2011 est tout trouvé. «Cette année je vais faire un module de 10 mois en commerce marketing et j’espère vraiment valider cette formation. Je suis consciente qu’il faut que j’obtienne un diplôme parce que l’athlétisme ce n’est pas toute la vie. Il me reste juste deux à trois ans de compétitions ».

 

Un volcan en éruption

_MG_2565Tel un volcan en éruption la hurdleuse de 26 ans, crache ses vérités sur le manque de prise en charge des athlètes. «On ne peut rien exiger aux athlètes sénégalais parce qu’on ne leur donne rien du tout. Le seul appui vient des bourses de l’Iaaf et de la Confejes. Cette année nous n’avons même pas de bourse de la solidarité olympique ». Le regard perçant, les bras en mouvement perpétuels, elle dépeint les difficultés qui touchent les siens. « Les équipements coûtent trop chers. Je peux dire que l’athlétisme ne nourrit que deux athlètes sénégalais, Amy Mbacké et Ndiss Kaba. Parfois j’achète les équipements en France lors des soldes. Je peux aussi compter sur ma meilleure amie, Amy Mbacké qui a son sponsor. A Dakar une paire de tennis vaut près de 60 mille francs cfa. Lorsque tu vas en équipe nationale, on ne te donne que le minimum. C’est comme si on n’a pas de sponsor. On nous donne juste le survêtement et un blouson, c’est tout. Il n’ y a pas de tennis, ni de pointes».

Quatrième d’une famille de huit enfants (4filles et 4 garçons) Arette Ndiaye aime la musique reggæ. Avec son franc parler, elle aurait difficilement enfilé des gants de médecin ! « Je déteste l’hypocrisie. Cette mentalité sénégalaise qui met des étiquettes sans même te connaître. On me traite d’occidentale. Mes parents adoptifs m’ont donné cette éducation, je n’y peux rien. Par contre J’adore être à l’entraînement c’est le meilleur moment de la journée. Je suis également fan de lutte, mon champion c’est Balla Gaye 2, j’aime le regarder faire ses  backs », clame -t-elle. Devant son lutteur, bodybuildé, elle passe pour un poids plume avec ses 50Kg. Visiblement très éprise par sa relation sentimentale, elle attend juste la demande de son partenaire pour officialiser les choses. « Je suis amoureuse de mon copain et s’il décide de se marier, je suis prête », déclare-t-elle avec les yeux qui scintillent. Le message est bien passé !

Gaëlle YOMI

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