BASKET : MBISSINE GUEYE ET AISSATOU DIAGNE
Arbitres
internationales depuis le mois d'avril dernier, Mbissine Gueye et Aissatou
Daigne font partie intégrante du jeu sur nos terrains de basket. Celles qu'on
pourrait surnommer «les dames de coeurs des parquets» ont franchi le pas nécessaire pour passer du statut de joueuse à celui
d'arbitre. Portrait croisé
Mbissine: la battante
Toujours entre trois villes (Saint-Louis – Diourbel
-Dakar) la dame en noir du National 1, ne recule devant rien pour assouvir sa
passion du basket. Mbissine Gueye, arbitre international depuis peu, s'est
lancée dans cette aventure après une brève carrière de basketteuse. «J'étais joueuse en première division et lorsque je préparais ma maîtrise à l'Inseps,
je n'avais plus assez de temps pour jouer et écrire mon mémoire. Mon professeur
de physiologie m'a suggéré de me mettre à l'arbitrage qui demande moins de
temps et permet de rester en jambe», confie t-elle, le souffle entre coupé
au bord du parquet de Marius Ndiaye. En 2005, elle opte donc pour la
proposition de son enseignant. Dans cette mission, l'ancienne pensionnaire de
l'Us Gorée et du Cineps de Thiès se heurte à la réalité du terrain. Son mètre
77 ne peut plus servir à récupérer les rebonds de l'équipe adverse. «Au début j'avais tendance à imiter les
gestes des pivots et j'avais toujours envi d'aller prendre les rebonds sur le
terrain. Pendant un an j'ai appris à me maîtriser pour ne pas donner des
conseils aux équipes», dit-elle.
Le grade d'arbitre international en poche après 5
ans de travail, Mme Diagne se réjouit d'avoir trouvé l'homme qui partage son
amour pour le sport. «Mon mari est
sportif et comprend bien mon emploi de temps. Ma famille m'aide également dans
l'encadrement de mes 2 enfants durant mes déplacements. L'arbitrage est un
métier passionnant et ce serait bien qu'il y ai plus de femmes pour diversifier
le milieu».
Celle qui a arbitré sa première finale nationale en juin dernier s'y est préparée aussi bien à Saint-Louis où elle réside, à Diourbel où elle exerce le métier de professeur d'éducation physique (Bambey) et à Dakar où elle supervise les matchs de baskets. En invitant les amateurs à comprendre qu'il y a des subtilités dans l'arbitrage, la dame de 33 ans caresse le rêve ultime de diriger un jour une finale Mondiale.
Aissatou: la
juge
Elue troisième meilleur arbitre de la saison
Aissatou Diagne, la compère de Mbissine dans ce monde du sifflet, a toujours
été attirée par les fonctions juridiques. «En
général j'aime la justice et j'aspirais à être magistrat ou avocate. Et après 6 années passées à l'Us Rail en tant
que joueuse j'ai saisi l'opportunité qui m'était offerte de devenir arbitre. Ce
métier permet aussi d'être juge», explique t-elle.
Suivant les pas de Henriette Diouf, une des
pionnières parmi les femmes en noirs, Aissatou se sent vraiment épanouie le
sifflet à la bouche. «Je suis assistante
de direction au ministère des finances mais, je me sens mieux sur le terrain.
Ce n'était pas évident de passer les grades. Les examens se faisaient tous les
2 ans au niveau du Sénégal. Depuis 2007,
les examens sont devenus annuels et en 5
ans maximum on peut devenir arbitre international».
Dans le domaine depuis 1999, elle a passé toutes ses
classes avec le soutien des siens. D'ailleurs c'est avec émotion qu'elle se
souvient de son entrée dans le monde du sport, derrière la bicyclette de papa en direction des terrains de football de
Thiès. Agée de 29 ans et pesant
55 kg
, Aissatou estime que
ses homologues masculins sont d'un grand apport dans le quotidien des arbitres
femmes. «Nous formons une grande famille
dans le milieu de l'arbitrage et les hommes nous soutiennent même beaucoup.
Nous ne sommes pas plus de dix femmes et vivement que d'autres nous viennent en
appui», argumente t-elle.
Arrivée à Dakar en 2001, après son baccalauréat, son souhait est de voir les
femmes durer plus longtemps dans ce métier. «La plupart des femmes arbitres que j'ai connu on arrêté après leur
mariage. Certaines se sont lassées. Il y a plusieurs facteurs qui freinent les
femmes à ne pas poursuivre l'aventure. Moi je recommande de tenir bon». Du
haut de son mètre 73, sa détermination est sans faille et Aissatou ne compte
pas baisser les bras face aux critiques à l'encontre de son corps de métier. «Il y 'aura toujours des problèmes
d'arbitrage dans le basket. Le fait est qu'il n y a pas de match nul, ce n'est
pas évident, il faut que les équipes
sachent qu'on peut gagner ou perdre une partie. Je n'ai vraiment pas apprécié
que des collègues soient victimes d'actes de violences. Il faut davantage
sensibiliser la population», se désole t-elle.
Ces deux dames qui sont loin de faire tâche dans le
décor du basket national, reste les maîtresses du jeu sur les parquets.
Gaëlle YOMI